Débat autour des psychostimulants

Les nombreux auteurs professionnels de santé, docteurs médico-sociaux et psychologues participant au Collectif « Pas de 0 de conduite » dénoncent la prévention à outrance de la délinquance dès la maternelle dans les quartiers dits difficiles et populaires. Ils dénoncent également l’usage des psychostimulants.
En effet, les arguments neurochimiques rendent indiscutables le fait que les psychostimulants soulagent, au moins à court terme, les symptômes de la majorité des enfants souffrant du TDA/TDAH. Pour agir sur les neurones cibles, la dopamine doit être sécrétée dans le liquide extra-cellulaire. Cette sécrétion de dopamine est un processus dynamique qui traduit un signal chimique. Une fois délivré, ce signal est arrêté par le transporteur de la dopamine qui pompe la dopamine extracellulaire pour l’internaliser à nouveau dans les neurones dopaminergiques. Ce transporteur est une protéine spécifiquement située sur la membrane des neurones dopaminergiques. Les psychostimulants et certains antidépresseurs inhibent l’activité du transporteur de la dopamine. La dopamine libérée a donc tendance à s’accumuler dans l’espace extracellulaire, ce qui augmente la stimulation des neurones cibles de la dopamine.

Une étude d’imagerie moléculaire conduite chez des enfants, montre que l’augmentation de la dopamine extracellulaire induite par la Ritaline est d’autant plus forte que les symptômes du TDA/TDAH sont sévères10. Cela suggérerait donc plutôt un excès qu’un déficit de dopamine extracellulaire. L’amphétamine et la Ritaline inhibent la recapture de la dopamine mais aussi celle de la noradrénaline. Dans leurs discussions théoriques à propos du TDA/TDAH, de nombreux auteurs mettent en avant le rôle de la dopamine dans le cortex préfrontal sans prendre en considération son innervation noradrénergique qui est pourtant plus dense.
Dans le livre du Collectif « Pas de 0 de conduite », les auteurs ont relevé les travaux qui ont analysé les différences structurales entre les enfants souffrants du TDA/TDAH et les « normaux ». Une méta-analyse a fait le point sur cette question11. Quelques régions cérébrales présentent une réduction de taille chez les enfants TDA/TDAH. Les différences les plus significatives se trouvent dans certaines régions du cervelet et ces régions ne contiennent aucune innervation dopaminergique.
Parmi les régions cérébrales densément innervées par les terminaisons dopaminergiques, le caudé droit est le seul qui présente une réduction significative de taille chez les enfants souffrants de TDA/TDAH12. Cette réduction est observée chez les enfants traités ou non par des psychostimulants. Elle se normalise à l’adolescence. D’autres réductions de taille on été mises en évidence au niveau du cortex.

Les anomalies observées en imagerie cérébrale structurale chez les enfants souffrant du TDA/TDAH sont mineures. Elle ne sont significatives qu’en termes de population et n’aident pas au diagnostic pour un enfant particulier. Ces anomalies représentent probablement l’expression neurologique des symptômes de TDA/TDAH, mais elles ne sont pas forcément la cause du trouble ni même la preuve qu’il s’agit d’une pathologie.
Shaw et coll. (2007) ont montré que la maturation corticale suivait les mêmes étapes chez les enfants normaux et ceux qui souffrent du TDA/TDAH avec toutefois un retard de maturation de quelques années chez ces derniers. En particulier, le cortex préfrontal, très impliqué dans les tâches cognitives supérieures comme le contrôle de l’impulsivité, accuserait un retard de maturation d’environ cinq ans chez les enfants TDA/TDAH. Autrement dit, ce retard de maturation et les symptômes qui lui sont corrélés, sont certes gênants pour l’enfant et justifient une attention particulière, mais ne relèvent pas nécessairement d’une pathologie irréversible.

L’hypothèse dopaminergique du TDA/TDAH ne serait pas démontrée. Il est certain que les psychostimulants augmentent la dopamine extracellulaire en inhibant sa recapture. Cependant, dans l’état actuel des connaissances, l’hypothèse dopaminergique à l’origine du TDA/TDAH ne peut être considérée que comme une hypothèse et non comme un fait établi. En effet, malgré d’intenses efforts de recherche, les preuves expérimentales d’un dysfonctionnement du système dopaminergique chez les patients souffrant du TDA/TDAH sont très insuffisantes. Il est donc tout à fait abusif d’affirmer comme un fait établi que les psychostimulants exercent leur effet thérapeutique en corrigeant un déficit dopaminergique.
Ainsi, d’après leurs auteurs, pour l’instant, il n’est nullement prouvé que le traitement par des psychostimulants diminue ou aggrave le risque de délinquance et de toxicomanie des enfants TDA/TDAH13.

Conséquences

Le parcours que subit une famille dont l’enfant est sujet aux troubles est trop long afin d’obtenir un dépistage et un diagnostic. Pendant toute cette durée, l’enfant grandit en subissant une dévalorisation extrêmement importante, que ce soit en milieu scolaire ou au sain de sa famille. Il est pointé du doigt à l’école, comparé et mis à défaut, alors qu’il désire, lui aussi, réussir, gagner des médailles et se socialiser. Seulement, cet enfant est constamment face à une sensation d’échec, avec la conviction qu’il n’y arrivera pas. Son estime de soi baisse et il devient faible. Or, une fois le diagnostic posé, la famille, culpabilisée car elle a été défaillante puisqu’elle a tardé, se retrouve à faire un choix difficile : donner des psychostimulants à son enfant ou chercher un autre moyen pour l’aider à aller mieux.
L’un des parents bénévole de l’association HyperSuper-TDA/TDAH – France, m’a fait la remarque en me disant que si je ne donnais pas de Ritaline à mon enfant, c’est comme si je ne mettais pas de lunettes à un enfant myope pour aller à l’école! L’enfant est en sursis, son avenir repose sur la solution que ses parents vont choisir. Bien sûr que si mon enfant était myope, je lui aurais mis des lunettes sans hésiter. Seulement lorsque la question s’est posée de lui donner ou non une pilule psychotrope, la réponse était claire, et mon refus catégorique malgré l’urgence de la situation. Fortuitement, j’ai eu la chance de participer au séminaire proposé par le Dr Pierre Franchomme et Mme Sarah Caironi, et d’avoir ainsi, reçu la réponse à notre problème. Quelques mois plus tard, le diagnostic de mon enfant avait été posé.
La médecine conventionnelle traite les symptômes, et pendant un temps, l’enfant et sa famille se sentent soulagés. Seulement, la Ritaline est un adaptogène, et nous avons vu que les symptômes persistent à l’âge adulte.
L’approche holistique et naturelle va rechercher la source des symptômes, l’origine du trouble et essaie d’apporter des réponses dans le sens de la santé. Aussi, en analysant les données sur l’écosystème intestinal et les besoins physiologiques individuels et notamment des neurotransmetteurs, nous allons tenter d’apporter des réponses. Nous allons voir que l’hygiène nutritionnelle est primordiale dans l’approche de ce trouble. Les solutions proposées par cette approche impliquent le plus souvent un changement dans le mode de vie mais cela mène à une solution pérenne et durable.

10 Rosa-Neto et coll., 2005 ; 11Molina et coll, 2007 ; 12 ;Valera et coll., 2007 ; 13Molina et coll, 2007